L’idolâtrie est souvent comprise comme l’attachement à des choses du monde comme l’argent, notre profession, nos loisirs, la technologie, etc., mais n’est-ce pas – inconsciemment – pour cacher les aspects les plus dangereux de l’idolâtrie véritable ? L’idolâtrie ne consiste-t-elle pas en effet à remplacer la réalité de Dieu par notre propre réalité, et par conséquent à nous fabriquer notre propre Dieu ? Nous voulons en effet que Dieu corresponde à la représentation que nous nous en faisons. A ce stade, la vérité ne nous intéresse pas : seule compte notre vérité…
Prenons l’histoire d’Abraham : Elle nous montre en ses endroits clé que Dieu nous demande de renoncer à l’image anthropocentrique, idolâtre, que nous avons de Lui-même. En Genèse 12 par exemple, Dieu demande à Abraham de renoncer au passé, de quitter la vaine manière de vivre de ses pères (1 Pierre 1:18) : un Dieu fait sur mesure nous dirait de respecter la tradition, de faire comme nos ancêtres, etc. Or, le Dieu Vivant nous dit : quitte la vaine manière de vivre de tes pères, et je ferai pour toi toutes choses nouvelles (2 Cor 5:17). Plus tard, en Genèse 22, Dieu demande à Abraham de renoncer à son avenir, de sacrifier son futur, que Dieu Lui-même lui avait pourtant miraculeusement donné (son fils bien-aimé). Un Dieu fabriqué sur mesure ne ferait jamais cela – le seul vrai Dieu, Lui, le fait, car Il a un Plan, Il sait ce qu’Il fait (la suite de l’histoire nous le montre). Il nous demande d’oublier le passé, et de Lui laisser le futur : nous avons à vivre un perpétuel renouveau ici et maintenant, car tout est grâce, et nous n’avons pas à aller chercher ailleurs ce que nous avons déjà en Lui, le Dieu véritable, qui n’est pas une idole fabriquée par notre esprit.
Symboliquement, dans l’Ancien Testament, les idoles sont représentées par des créations humaines de bois et de pierre : l’être humain transfère ses espérances, non pas dans ce qui est Vie, mais dans des représentations figées :
- le bois représente l’arbre, littéralement le bois, de la connaissance du bien et du mal : nous décidons, à la place de Dieu, ce qui est bien et ce qui est mal. Un exemple évident d’idolâtrie est la confiance en des dogmes, comme si croire en des choses figées pouvait être source de Vie, pouvait remplacer l’arbre, le bois de Vie.
- la pierre est le reflet de nos coeurs de pierre : nous nous adresserions directement au Dieu vivant si nos coeurs n’étaient pas de pierre, plutôt qu’à nos idoles. Essayez de convaincre autour de vous que la réalité vraie de Dieu n’a rien à voir avec la religion, et vous constaterez que même/surtout chez les chrétiens :
on vous lancera des pierres (idées dures provenant de coeurs sclérosés)
on se moquera (la moquerie est une fuite résultant de la peur de la vérité)
on s’attaquera directement à vous, vous agressera (car à bout d’arguments)
on vous insultera (l’insulte est le dernier refuge une fois que tous les arguments ont été balayés)
ou tout simplement on ne vous répondra pas (fuite en avant)
En fait, tout ce qui écarte le Christ d’un geste de la main est idolâtrie, que cela soit fait ouvertement ou de manière implicite. Or, la raison d’être de Christ, c’est nous : L’écarter, c’est nous écarter nous-mêmes, nous suicider spirituellement. Dieu n’est-il pas UN, et le médiateur entre Dieu et l’humain n’est-il pas UN, l’humain Jésus qui est Christ (1 Tim 2:5) ? De plus, il n’y a de salut en aucun autre – car il n’y a point d’autre NOM sous le ciel, qui soit donné parmi les humains, par lequel nous devions être sauvés (Actes 4:12). Personne par conséquent ne peut poser d’autre fondement que celui qui est posé : Jésus qui est Christ (1 Cor 3:11).
Christ ne peut être remplacé dans nos coeurs par une religion, un dogme, une méthode, une pratique, un représentant de Dieu, etc., sans que notre relation à la réalité vraie en soit profondément troublée (la fumée qui sort de l’abîme d’Apocalypse 9 en est le symbole).
Il n’y a qu’à regarder autour de nous pour nous rendre compte de cette vérité incontournable : l’être humain est par essence idolâtre, et même lorsqu’il trouve son Dieu par Jésus qui est Christ, cette tendance à l’idolâtrie le poussera à mettre au premier plan des choses en relation avec Dieu (une vérité, une sagesse, une pratique spirituelle, une personne charismatique, etc.) aux dépens de sa relation à Dieu Lui-même.
C’est pour cela que Jésus a pu dire aux religieux de l’époque, qui sont le type des religieux de toute époque : votre père, c’est le diable – car non seulement ils ne mettent pas en garde contre les abus idolâtres (entre autres, des lois non bibliques), mais ils les encouragent.
Que répondez-vous à Christ, lorsqu’Il vous dit :
tu as donné à telle interprétation des textes priorité sur moi
tu as donné à tes dogmes priorité sur moi
tu as donné à la tradition priorité sur moi
tu as donné à tes dons spirituels priorité sur moi
tu as donné à telle méthode priorité sur moi
tu as donné à telle pratique priorité sur moi
tu as donné à tel de mes serviteurs priorité sur moi
etc.
Du fait que la réalité de Dieu est la « réalité vraie », la remplacer par une « autre réalité » a des conséquences graves – cependant, ces conséquences graves peuvent être source de salut si nous savons en tirer les conséquences et revenir à la réalité de Dieu.